Chronologie
Bibliographie
JAGET, Claude. Une vie de putain. La France sauvage, 1975.
(épuisé et rare)
Existe en version anglaise – Prostitutes: Our Life (Falling Wall Press, 1980) entièrement disponible en version numérisée sur Archive.org.
Claude Jaget est un journaliste qui a couvert la révolte des prostituées dans une série d’articles pour Libération. Ce livre contient surtout des témoignages, mais quelques infos au début et à la fin sur la chronologie, les protagonistes et le contexte juridique de l’époque
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Ce livre n’est pas une justification de la prostituée et encore moins de la prostitution, mais peut-être apportera-t-il ce que nous espérons : la liberté en tant que femmes telles que nous sommes — et non pas telles que vous voudriez que nous soyons, pour votre bonne conscience. Vous, puisque c’est vous qui nous avez faites, vous, puisqu’à en croire les sondages, 80 % des hommes de ce pays sont des «clients» : autant dire tout le monde, la société entière. Ne craignez rien : cette libéralisation n’entraînera pas automatiquement une prolifération de prostituées. Ou bien alors c’est que nous, les femmes, sommes toutes des «filles» que retenait, seule, la peur du gendarme… Le produit de la vente de ce livre ira au collectif des prostituées et non pas à une seule d’entre nous. Parce qu’enfin, ouvertement, face à face, quelque chose s’est produit en France, qui n’avait jamais été. Et qui l’a fait ? Nous toutes, ensemble, les «putes» ! – ULLA
Rapport de Guy Pinot pour la Mission d’information sur la prostitution, décembre 1975
ULLA. Ulla par Ulla. Éditions Charles Denu, 1976.
Ulla a été retenue dans les médias comme la meneuse (néanmoins controversée) du mouvement lyonnais.
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ULLA, chef de file des prostituées françaises, est à l’heure des bilans. de Que chemin parcouru depuis le jour où Marie-Claude, faute d’argent, décide de se prostituer. Elle découvre un monde très différent de celui que l’on imagine généralement. Les « filles », ULLA va les comprendre, les aimer, puis les défendre. Elle décrit dans ce livre son expérience avec franchise et sensibilité. Elle raconte ses aventures avec des hommes de tous les milieux parmi lesquels des personnalités du monde politique… Malgré le style enjoué, et si certaines situations peuvent paraître cocasses, on devine, derrière les mots, que la vie d’une « fille de joie» n’est pas toujours gaie. Au-delà de son cas personnel, ULLA lance un pressant appel pour que, dans rue, les prostituées soient regardées avec des yeux neufs, et considérées comme des femmes à part entière.
BARBARA et Christine de CONINCK. La partagée. Les éditions de minuit, 1977.
(existe en format numérique)
Témoignage de Barbara, ayant participé à la révolte de Lyon et l’ayant documenté de l’intérieur : avant, après, le rapport Pinot, la réinsertion.
Son récit de vie est aussi dans le Jaget, sous le pseudonyme C…
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Elle s’appelle Barbara et Mireille. L’une est connue. C’est son nom public : de prostituée. Barbara refusait que des femmes soient livrées une à une — avec la complicité silencieuse de tous — à la violence des clients et des policiers, à la tolérance implicite et la répression explicite de pouvoirs politiques cyniquement irresponsables. Elle a voulu, avec d’autres, que ces femmes se rassemblent, sortent de leur peur et misère individuelles, et expriment ouvertement, ensemble, quelle est leur condition. Ce fut l’occupation de l’église Saint-Nizier, le mouvement des prostituées de Lyon, puis de France. Cette rencontre des prostituées entre elles a permis à chacune de commencer à dire « non » à ce qui lui était imposé comme « normal ». Et à se retrouver ce qu’elle était : une femme parmi d’autres, et pas seulement un rôle, une fonction, une image, liés à un commerce à la fois entretenu et méprisé par l’ordre social. Elles s’appellent Mireille et Christine. Deux femmes, dont l’autre écoute l’une, qui enfin peut ainsi raconter comment, depuis toujours, elle est partagée. Enfant de l’Assistance publique, confiée à un couple sans tendresse, petite fille de neuf ans violée par son « beau-père » puis enfermée en hôpital psychiatrique pour « son » agressivité, adolescente placée dans une maison de « protection » pour mineurs, jeune fille qui se venge de son violeur et se retrouve en prison pour quatre ans, mère célibataire qui, pour élever ses enfants, accepte de se prostituer. Ce livre n’est pas un roman, ni un écrit littéraire sur la prostitution. C’est le récit de la vie d’une femme simplement dite à une autre femme qui a su l’entendre. Ainsi commence l’autre minuit. Celui où les femmes sortent de leur isolement et leur enfermement. Où elles se rapprochent, parlent d’elles : ensemble. Refusant que leurs corps, leurs paroles, leurs désirs, leur travail soient asservis, exploités et niés par un ordre et des institutions déterminés par les seuls hommes.
SONIA. Respectueusement vôtre. Presses de la cité, 1976.
Récit autobiographique et autoethnographique de l’une des meneuses de la révolte parisienne.
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6 juin 1975 : les prostituées parisiennes se révoltent; elles revendiquent le droit d’être des femmes comme les autres et exigent qu’on leur rende la dignité, la liberté, la vie.
À leur tête, Sonia, une jeunesse tumultueuse auprès d’une mère incompréhensive, ballottée entre l’Algérie de l’indépendance et une Métropole hostile, une enfant sage métamorphosée en « gagneuse ».
Au centre de cet itinéraire, un homme, Daniel, proxénète notoire, inspire à Sonia un amour sans mesures qui se perpétuera par-delà les prisons.
Pour la première fois, une prostituée témoigne de sa déchéance; elle évoque sans complaisance ni contrainte ses 8 175 clients, parle de leurs goûts et de leurs exigences, et décrit quelques-uns des hommes les plus en vue du Tout-Paris : ministres, comédiens, romanciers, journalistes…
Avec eux, Sonia part dans un monde étrange qui la conduira à être mêlée malgré elle à une affaire d’Etat « L’Affaire Markovic »…
Aujourd’hui réinsérée, Sonia, qui milite dans les rangs de la Fédération Abolitionniste, apporte avec RESPECTUEUSEMENT VÔTRE un témoignage capital.
Ce livre toujours explosif, souvent drôle et parfois émouvant, verse une pièce essentielle au dossier « Prostitution ». Il nous enseigne qu’une fille perdue peut rester une femme à part entière qui assume son passé avec courage et lucidité
CHANTAL et Jean BERNAD. Nous ne sommes pas nées prostituées. Les éditions ouvrières, 1978.
Témoignage d’une participante du mouvement à Montpellier, où l’occupation a eu peu de retentissement.
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Cet ouvrage rédigé par une femme prostituée et un militant nous empoigne sur le problème tragique de la vie des prostituées, leur révolte, leurs démarches auprès des organisations populaires afin que celles-ci rejoignent leur combat libérateur.
Le livre de Chantal et de Jean Bernad contient un journal captivant et un impressionnant dossier, l’un et l’autre riches d’explication et d’action politique.
Mieux comprendre ce qu’est la vie des prostituées, leur espérance, leur faim de dignité, leur aspiration à un véritable amour, leur sens maternel, tel est l’objectif que ce livre souhaite atteindre.
C’est un livre passionnant, mais sans joie car il baigne dans le drame affreux de l’existence quotidienne des prostituées.
Livre « sans joie » certes, mais pourtant un coin de ciel bleu se dégage lentement entre des nuages encore menaçants et laisse bien espérer une (c société » d’où le mot prostitution sera banni.
MATHIEU, Lilian. Mobilisations de prostituées. Belin, 2001.
(lien éditeur, numérisé sur Archive.org)
Sociologue de la prostitution et des mouvements sociaux. Les pages 35 à 115 sont consacrées à l’étude des événements de 1975.
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Pourquoi les individus les plus marginalisés ou stigmatisés ceux qui vivent dans des conditions précaires sont-ils aussi ceux qui se révoltent le moins contre leur situation ceux qui contestent le moins souvent un ordre social qui leur est pourtant défavorable? Une des ambitions de cet ouvrage consacré à l’étude de trois mobilisations de prostituées (le mouvement d’occupation des églises de 1975 le Comité international pour les droits des prostituées et la lutte des prostituées contre le sida) est d’apporter des éléments de réponse à cette question classique en sociologie politique Les femmes et les hommes prostitués appartiennent en effet à un univers au sein duquel la simple possibilité d’une action contestataire apparaît comme éminemment improbable Parce que leur réalisation semble à première vue délier les représentations ordinaires de ce que sont et de ce dont sont (ou non) capables les prostituées et parce qu’ils constituent pour l’analyse sociologique des sortes de « cas limites » les mouvements sociaux étudiés dans ce livre permettent de mieux comprendre les processus de l’action collective.
Films & télévision
Mouvement des prostituées – Dossier INA Mediaclip – archives télévisuelles
Carole Roussopoulos, Les prostituées de Lyon parlent, 1975, 46″.
Environ 200 travailleuses du sexe occupèrent l’église Saint-Nizier de Lyon au printemps 1975. Dans ce documentaire, elles parlent de leur histoire, de leur relation avec la société, de leurs conditions de travail et de leurs revendications.
Voir un extrait ici.
Jean-François Davy, Prostitution, 1976, 1h48″.
D’authentiques prostituées surtout s’expriment à visage découvert, décrivent leur métier et leurs clients et dénoncent la répression policière accrue qui visait alors le racolage et la fermeture des hôtels de passe. Certaines sont alors incarcérées, créant un mouvement de protestation. Sous l’impulsion de Ulla, meneuse des prostituées lyonnaises, des Assises sont créées, un Collectif est fondé, un grand rassemblement a lieu au Palais de la Mutualité, à Paris, couvert par les journalistes, soutenu par des personnalités et le Planning familial. Davy y est présent avec sa caméra, captant pour son film l’ambiance électrique de cet instant historique, « un océan humain déchaîné » comme le décrit l’une des participantes.
Source : « Encyclopédie du Cinéma Français Pornographie et Erotique », de Christophe Bier (Serious Publishing, 2011)
Revues féministes d’époque
Le quotidien des femmes, n°4, jeudi 26 juin 1975.
Le mouvement des prostituées en France. In: Cahiers du féminisme, n°5, 1978. Dossier Prostitution (juin – juillet – août 1978) pp. 32-33.
Podcasts et conférences
Le combat des prostituées de Lyon – Affaires Sensibles, France Inter, 2023
La révolte des prostituées de Saint-Nizier – Sur les docks, France Culture, 2015
Un mouvement improbable à Lyon : la révolte des prostituées de 1975 – Conférence (vidéo, audio), Laurent Burlet, Danièle Authier, Christiane Ray, Lilian Mathieu, Père Christian Delorme, Bibliothèque Municipale de Lyon – 20/11/2021
Articles académiques
Le fonds Louis Blanc : les archives d’un prêtre militant par Iliana Ferrant-Bouchau, L’Influx, 30/10/2021
Mathieu, Lilian. Répertoire et mémoire. Répertoire des mouvements sociaux et formes de résistances contre les pouvoirs, Aysen Uysal, Apr 2015, Izmir, Turquie.
Mathieu, Lilian. Prostituées et féministes en 1975 et 2002 : l’impossible reconduction d’une alliance. Travail, genre et sociétés, N° 10(2), 31-48, 2003.
Mathieu, Lilian. Débat d’étudiants avec des prostituées à l’université de Lyon II en avril 1976, Clio, 17 | 2003, 175-185.
Mathieu, Lilian. Une mobilisation improbable : l’occupation de l’église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaises. In: Revue française de sociologie, 1999, 40-3. pp. 475-499.
Varia // À trier
https://www.rue89lyon.fr/2015/06/01/il-y-a-40-ans-prostituees-occupaient-eglise-lyon-droits