Bibliographie

Les livres sont présentés par ordre chronologique de parution.

❤️ Livre particulièrement utile ou touchant, écrit par une prostituée impliquée dans les événements.


Javilliey, Charles Gustave, et al. Piège pour un flic. Éditions Olivier Orban, 1975.

Récit d’un commissaire du groupe « Pénétration du Milieu » au sein du groupe de répression du banditisme (GRB), condamné pour corruption puis relaxé en appel. Retrace une bonne partie de l’Affaire de Lyon qui mena au contexte répressif de la révolte des prostituées. Dossier de photos et d’annexes en fin d’ouvrage.

JAGET, Claude. Une vie de putain. La France sauvage, 1975. (épuisé et rare)

Existe en version anglaise – Prostitutes: Our Life (Falling Wall Press, 1980) disponible en version numérisée sur Archive.org.

Claude Jaget est un journaliste qui a couvert la révolte des prostituées dans une série d’articles pour Libération. Ce livre contient surtout des témoignages, mais quelques infos au début et à la fin sur la chronologie, les protagonistes et le contexte juridique de l’époque

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Ce livre n’est pas une justification de la prostituée et encore moins de la prostitution, mais peut-être apportera-t-il ce que nous espérons : la liberté en tant que femmes telles que nous sommes — et non pas telles que vous voudriez que nous soyons, pour votre bonne conscience. Vous, puisque c’est vous qui nous avez faites, vous, puisqu’à en croire les sondages, 80 % des hommes de ce pays sont des «clients» : autant dire tout le monde, la société entière. Ne craignez rien : cette libéralisation n’entraînera pas automatiquement une prolifération de prostituées. Ou bien alors c’est que nous, les femmes, sommes toutes des «filles» que retenait, seule, la peur du gendarme… Le produit de la vente de ce livre ira au collectif des prostituées et non pas à une seule d’entre nous. Parce qu’enfin, ouvertement, face à face, quelque chose s’est produit en France, qui n’avait jamais été. Et qui l’a fait ? Nous toutes, ensemble, les «putes» ! – ULLA

ULLA. Ulla par Ulla. Éditions Charles Denu, 1976.

Ulla a été retenue dans les médias comme la meneuse (néanmoins controversée) du mouvement lyonnais. Ce livre retrace son histoire personnelle jusqu’à la révolte, couverte par une dizaine de pages au dernier chapitre.

Elle a écrit trois autres ouvrages sur sa vie : L’amour amer (1980), La chair du désert (1981) et l’humiliation (1982)

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ULLA, chef de file des prostituées françaises, est à l’heure des bilans. de Que chemin parcouru depuis le jour où Marie-Claude, faute d’argent, décide de se prostituer. Elle découvre un monde très différent de celui que l’on imagine généralement. Les « filles », ULLA va les comprendre, les aimer, puis les défendre. Elle décrit dans ce livre son expérience avec franchise et sensibilité. Elle raconte ses aventures avec des hommes de tous les milieux parmi lesquels des personnalités du monde politique… Malgré le style enjoué, et si certaines situations peuvent paraître cocasses, on devine, derrière les mots, que la vie d’une « fille de joie» n’est pas toujours gaie. Au-delà de son cas personnel, ULLA lance un pressant appel pour que, dans rue, les prostituées soient regardées avec des yeux neufs, et considérées comme des femmes à part entière.

Couverture du livre de Sonia

❤️ SONIA. Respectueusement vôtre. Presses de la cité, 1976.

Récit autobiographique et autoethnographique de l’une des meneuses de la révolte parisienne.

MICHELE. La vie continue : Histoire de Michèle. Fayard, 1976.

2e volet d’un récit autobiographique d’une femme réinsérée, tournée vers le catholicisme et militant au Mouvement du Nid. Les chapitres 3 et 4 décrivent l’occupation de la Chapelle Saint-Bernard, les audiences auprès de Guy Pinot et le dossier qu’elles y ont déposé.

DALLAYRAC Dominique. Le nouveau visage de la prostitution. Robert Laffont, 1976.

Le dernier chapitre de cet ouvrage traite de la rébellion de septembre 74 – le saccage de Saint-Lazare et le procès qui s’ensuit – ainsi que des événements de juin 75, superficiellement.

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4 juin 1975 : une poignée de prostituées s’enferme dans une église de Lyon. Comme au Moyen Âge, elles réclament le droit d’asile. Elles veulent recouvrer leur dignité de femme. Ulla vient de lancer un mouvement qui gagnera toute la France. Mais derrière Ulla, leader fougueux et passionné, se cache une autre femme, douce, tendre, désirable, qui veut aimer et rêve d’être aimée. De Lyon à Ryad, de l’« abattage » à quatre-vingts « passes » par jour, aux amours vénales mais enchanteresses dans des palais de Mille et une Nuits, des pratiques odieuses des maniaques, du racket des tenanciers ou des proxénètes, aux voluptueuses illusions de l’Arabie des Émirs, Ulla a tout connu, tout subi. Et finalement tout rejeté. À force de courage. De ténacité. Elle se livre aujourd’hui avec une totale franchise. En évoquant le temps des regards méprisants ou équivoques, le temps du plaisir que l’on donne sans jamais le recevoir, c’est sans doute à sa propre recherche qu’est partie Ulla. À la recherche du moyen de changer la vie, sa vie.

❤️ BARBARA et Christine de CONINCK. La partagée. Les éditions de minuit, 1977.
(existe en format numérique)

Témoignage de Barbara, ayant participé à la révolte de Lyon et l’ayant documenté de l’intérieur : avant, après, le rapport Pinot, la réinsertion. Inclinaisons marxistes et féministes.

Son récit de vie est aussi dans le Jaget, sous le pseudonyme C…

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Elle s’appelle Barbara et Mireille. L’une est connue. C’est son nom public : de prostituée. Barbara refusait que des femmes soient livrées une à une — avec la complicité silencieuse de tous — à la violence des clients et des policiers, à la tolérance implicite et la répression explicite de pouvoirs politiques cyniquement irresponsables. Elle a voulu, avec d’autres, que ces femmes se rassemblent, sortent de leur peur et misère individuelles, et expriment ouvertement, ensemble, quelle est leur condition. Ce fut l’occupation de l’église Saint-Nizier, le mouvement des prostituées de Lyon, puis de France. Cette rencontre des prostituées entre elles a permis à chacune de commencer à dire « non » à ce qui lui était imposé comme « normal ». Et à se retrouver ce qu’elle était : une femme parmi d’autres, et pas seulement un rôle, une fonction, une image, liés à un commerce à la fois entretenu et méprisé par l’ordre social. Elles s’appellent Mireille et Christine. Deux femmes, dont l’autre écoute l’une, qui enfin peut ainsi raconter comment, depuis toujours, elle est partagée. Enfant de l’Assistance publique, confiée à un couple sans tendresse, petite fille de neuf ans violée par son « beau-père » puis enfermée en hôpital psychiatrique pour « son » agressivité, adolescente placée dans une maison de « protection » pour mineurs, jeune fille qui se venge de son violeur et se retrouve en prison pour quatre ans, mère célibataire qui, pour élever ses enfants, accepte de se prostituer. Ce livre n’est pas un roman, ni un écrit littéraire sur la prostitution. C’est le récit de la vie d’une femme simplement dite à une autre femme qui a su l’entendre. Ainsi commence l’autre minuit. Celui où les femmes sortent de leur isolement et leur enfermement. Où elles se rapprochent, parlent d’elles : ensemble. Refusant que leurs corps, leurs paroles, leurs désirs, leur travail soient asservis, exploités et niés par un ordre et des institutions déterminés par les seuls hommes.

❤️ CHANTAL et Jean BERNAD. Nous ne sommes pas nées prostituées. Les éditions ouvrières, 1978.

Témoignage d’une des principales déléguées du mouvement à Montpellier, où l’occupation a eu peu de retentissement.

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Cet ouvrage rédigé par une femme prostituée et un militant nous empoigne sur le problème tragique de la vie des prostituées, leur révolte, leurs démarches auprès des organisations populaires afin que celles-ci rejoignent leur combat libérateur.
Le livre de Chantal et de Jean Bernad contient un journal captivant et un impressionnant dossier, l’un et l’autre riches d’explication et d’action politique.

Mieux comprendre ce qu’est la vie des prostituées, leur espérance, leur faim de dignité, leur aspiration à un véritable amour, leur sens maternel, tel est l’objectif que ce livre souhaite atteindre.

C’est un livre passionnant, mais sans joie car il baigne dans le drame affreux de l’existence quotidienne des prostituées.

Livre « sans joie » certes, mais pourtant un coin de ciel bleu se dégage lentement entre des nuages encore menaçants et laisse bien espérer une société » d’où le mot prostitution sera banni.

ULLA. L’amour amer. Éditions Garnier, 1980.

2e roman d’Ulla, où elle revient sur les conditions de l’occupation de l’église et son rapport avec son conjoint-proxénète. Attention : c’est un livre très fictionnalisé et le déroulé des événements n’est pas précis, y compris les « dépêches AFP » qui le jalonnent. Certains passages relèvent plus de l’écriture érotique. À prendre avec un grain de sel donc.

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4 juin 1975 : une poignée de prostituées s’enferme dans une église de Lyon. Comme au Moyen Âge, elles réclament le droit d’asile. Elles veulent recouvrer leur dignité de femme. Ulla vient de lancer un mouvement qui gagnera toute la France. Mais derrière Ulla, leader fougueux et passionné, se cache une autre femme, douce, tendre, désirable, qui veut aimer et rêve d’être aimée. De Lyon à Ryad, de l’« abattage » à quatre-vingts « passes » par jour, aux amours vénales mais enchanteresses dans des palais de Mille et une Nuits, des pratiques odieuses des maniaques, du racket des tenanciers ou des proxénètes, aux voluptueuses illusions de l’Arabie des Émirs, Ulla a tout connu, tout subi. Et finalement tout rejeté. À force de courage. De ténacité. Elle se livre aujourd’hui avec une totale franchise. En évoquant le temps des regards méprisants ou équivoques, le temps du plaisir que l’on donne sans jamais le recevoir, c’est sans doute à sa propre recherche qu’est partie Ulla. À la recherche du moyen de changer la vie, sa vie.

MATHIEU, Lilian. Mobilisations de prostituées. Belin, 2001.
(lien éditeur, numérisé sur Archive.org)

Sociologue de la prostitution et des mouvements sociaux. Les pages 35 à 115 sont consacrées à l’étude des événements de 1975.

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Pourquoi les individus les plus marginalisés ou stigmatisés ceux qui vivent dans des conditions précaires sont-ils aussi ceux qui se révoltent le moins contre leur situation ceux qui contestent le moins souvent un ordre social qui leur est pourtant défavorable? Une des ambitions de cet ouvrage consacré à l’étude de trois mobilisations de prostituées (le mouvement d’occupation des églises de 1975 le Comité international pour les droits des prostituées et la lutte des prostituées contre le sida) est d’apporter des éléments de réponse à cette question classique en sociologie politique Les femmes et les hommes prostitués appartiennent en effet à un univers au sein duquel la simple possibilité d’une action contestataire apparaît comme éminemment improbable Parce que leur réalisation semble à première vue délier les représentations ordinaires de ce que sont et de ce dont sont (ou non) capables les prostituées et parce qu’ils constituent pour l’analyse sociologique des sortes de « cas limites » les mouvements sociaux étudiés dans ce livre permettent de mieux comprendre les processus de l’action collective.

FEYEUX, Nicolas. 1975 : la révolte des prostituées. Les rues de Lyon N° 82, octobre 2021. (lien éditeur)

BD – En 1975, une centaine de prostituées investissent et occupent l’église Saint-Nizier à Lyon pour faire valoir et défendre leurs droits, dans un contexte de répression sociale, judiciaire et pénal toujours plus violent.

Juhel, Fabienne. Les putes sont des hommes comme les autres. Éditions Goater, 2024.

FICTION Portrait imaginé de ce qu’auraient pu être cinq participantes fictives à la révolte. Pas d’intérêt historique et pas écrit pas une personne concernée.

Bailly, Vincent et Swann Dupont. Ulla. BD à paraître sur la vie d’ULLA


Retrouvez le déroulé chronologique des événements sur la page dédiée

Films & télévision

Mouvement des prostituées – Dossier INA Mediaclip – archives télévisuelles

Carole Roussopoulos, Les prostituées de Lyon parlent, 1975, 46″.

Environ 200 travailleuses du sexe occupèrent l’église Saint-Nizier de Lyon au printemps 1975. Dans ce documentaire, elles parlent de leur histoire, de leur relation avec la société, de leurs conditions de travail et de leurs revendications.
Voir un extrait ici.

Jean-François Davy, Prostitution, 1976, 1h48″.

D’authentiques prostituées surtout s’expriment à visage découvert, décrivent leur métier et leurs clients et dénoncent la répression policière accrue qui visait alors le racolage et la fermeture des hôtels de passe. Certaines sont alors incarcérées, créant un mouvement de protestation. Sous l’impulsion de Ulla, meneuse des prostituées lyonnaises, des Assises sont créées, un Collectif est fondé, un grand rassemblement a lieu au Palais de la Mutualité, à Paris, couvert par les journalistes, soutenu par des personnalités et le Planning familial. Davy y est présent avec sa caméra, captant pour son film l’ambiance électrique de cet instant historique, « un océan humain déchaîné » comme le décrit l’une des participantes.

Source : « Encyclopédie du Cinéma Français Pornographie et Erotique », de Christophe Bier (Serious Publishing, 2011)

Julie Ropars, Saint-Nizier, La révolte des prostituées, 2015, 52″.

Le 2 juin 1975, une centaine de prostituées envahissent l’église Saint Nizier à Lyon. C’est la première fois que des femmes prostituées réussissent à interpeller l’opinion publique pour faire valoir leur droit. Rapidement, le mouvement s’étend : des églises sont occupées dans toute la France. Menacées de peine de prison, les prostituées lyonnaises se révoltent contre le harcèlement policier.
Le père Louis Blanc, à l’époque, est détaché auprès des personnes les plus déshéritées, il s’engage dans la lutte des prostituées, convaincu de la légitimité de la cause. L’occupation durera 10 jours. Le gouvernement refusera tout dialogue avec les occupantes et évacuera les églises par la force.
La deuxième partie du film dresse le bilan, 40 ans après, des rapports qu’entretient l’Etat avec le monde de la prostitution. Rien ne semble avoir changé. Pourtant, les prostituées luttent et leur lutte ne date pas d’hier.

Revues féministes d’époque

Le Quotidien des femmes, n°4, jeudi 26 juin 1975.

Le Quotidien des femmes n°8, mardi 18 novembre 1975

Le mouvement des prostituées en France. In: Cahiers du féminisme, n°5, 1978. Dossier Prostitution (juin – juillet – août 1978) pp. 32-33.

Podcasts et conférences

Le combat des prostituées de Lyon – Affaires Sensibles, France Inter, 2023

La révolte des prostituées de Saint-Nizier – Sur les docks, France Culture, 2015

Un mouvement improbable à Lyon : la révolte des prostituées de 1975 – Conférence (vidéo, audio), Laurent Burlet, Danièle Authier, Christiane Ray, Lilian Mathieu, Père Christian Delorme, Bibliothèque Municipale de Lyon – 20/11/2021

Articles académiques

Le fonds Louis Blanc : les archives d’un prêtre militant par Iliana Ferrant-Bouchau, L’Influx, 30/10/2021

Mathieu, Lilian. Répertoire et mémoire. Répertoire des mouvements sociaux et formes de résistances contre les pouvoirs, Aysen Uysal, Apr 2015, Izmir, Turquie.

Mathieu, Lilian. Prostituées et féministes en 1975 et 2002 : l’impossible reconduction d’une alliance. Travail, genre et sociétés, N° 10(2), 31-48, 2003.

Mathieu, Lilian. Débat d’étudiants avec des prostituées à l’université de Lyon II en avril 1976, Clio, 17 | 2003, 175-185.

Mathieu, Lilian. Une mobilisation improbable : l’occupation de l’église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaises. In: Revue française de sociologie, 1999, 40-3. pp. 475-499.

Varia // À trier

https://fresques.ina.fr/rhone-alpes/fiche-media/Rhonal00292/il-y-a-20-ans-le-conflit-des-prostituees-de-saint-nizier.html

https://www.rue89lyon.fr/2015/06/01/il-y-a-40-ans-prostituees-occupaient-eglise-lyon-droits

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